Restauration d'une 5HP Citroën " Trèfle "
Je cherchais, et j'ai trouvé dans les petites annonces de " la vie de l'auto " , une 5HP trèfle à restaurer, à un prix raisonnable. Pour un peu plus de 2000€ j'ai acheté un châssis restauré, une structure en bois neuve, une mécanique à revoir. La tôlerie restant à faire. Après un parcours de 500 km, la bête est dan mon atelier, il me reste à faire l'inventaire : le volant n'a plus que ses trois branches, le tour est absent, le vendeur me montre comment il refaisait le cercle en bois, en montage "en cerce", des secteurs de bois dur, de 5mm collés en les croisant, je verrais plus tard. La mécanique me préoccupe, je sors l'ensemble boite et moteur, j'enlève la culasse, comme annoncé par l'ancien propriétaire un cylindre est piqué et rayé, il manque deux cuillers aux pieds de bielles, la magnéto ne semble pas énergique son flector est défraîchi, celui de la transmission aussi, la garniture de frein sur la transmission est usée. Quant à la structure en bois elle est neuve et prête à être tôlée.

 Après avoir tout démonté et nettoyé, quoique ce travail ait été fait par le vendeur, je protège les parties en bois du plancher et des côtés avec une lasure traitante et je décape le capot qui est d'origine, une brosse montée sur une petite disqueuse fait bien l'affaire. Je m'aperçois que celui-ci à été restauré, c'est bien fait et les soudures sont discrètes. Il me reste un rectangle de tôle de 10/10 mm, je refais la plaque d'immatriculation avant, découpe à la cisaille à main, pliage sur une machine et finition des arrondis au marteau avec un gabarit en bois. Un ami qui restaure le même engin que moi et a de bonnes connaissances en mécanique ancienne m'invite à lui présenter le bloc-cylindres qui est très abîmé, il me propose un déglaçage à la machine, et considère qu'il doit tourner après un changement de segments. Je n'ai pas de silencieux, il me conseille d'utiliser un tuyau de poêle de diamètre 125 mm et de fabriquer deux embouts à bords tombés. Pour cela je tourne deux disques en bois du même diamètre entre lesquels je serre un disque de tôle, je rabats les bords au marteau. Il me reste à découper les entrées et sorties y souder deux manchons pour du tube de 30 mm, de fabriquer les pattes de fixation. J'y ajoute deux chicanes en tôle ajourée qui seront fixées à mi distance avec une tige filetée de 10 mm, voilà un silencieux qui me coûte 10 €.

 Nous sommes en hiver, mais le temps plus clément me permet à l'aide d'un carton épais de faire un patron de la tôlerie de la caisse, je choisis avec soins l'endroit des raccords et j'agrafe le carton sur la structure en bois. J'attends le beau temps pour tailler la tôle et en peindre la face interne.

 En attendant le soleil, je vais refaire le volant, selon la technique que m'a enseigné le vendeur. Je chine un morceau de bois dur genre acajou chez un menuisier, après avoir tracé une épure je découpe à la scie à ruban trente secteurs de 5 mm d'épaisseur collés en croisant les coupes en y encastrant les bouts des branches. La forme définitive sera terminée à la râpe y compris les encoches pour les doigts sur l'arrière. Les branches seront microbillés à la sableuse.

 J'ai vérifié le radiateur en fermant les entrées avec deux bouchons, il fuit, je dessoude les parties hautes et basses pour vérifier les soudures des tubes. Le beau temps revenu je vais m'occuper de la carrosserie, je me procure deux feuilles d'acier doux, que je transporte à pieds, mon atelier est proche de la quincaillerie, à l'aide des gabarits de cartons, je trace les morceaux à découper à l'économie en disposant les trois pièces sur la tôle, les deux feuilles seront suffisantes pour la caisse. J'ai acheté une belle cisaille à main, mais cela ne va pas, c'est dur et la tôle de déforme, finalement j'utilise une petite meuleuse avec des disques de coupe, la tôle n'est pas déformée et cela va très vite. Après avoir dégraissé la surface, je passe une couche d'apprêt acrylique deux composants. Il est temps de mettre en place la carrosserie que je vais clouer sur la carcasse en bois après l'avoir rabattu sur le chant. Je me sers de serres joints en intercalant un feuillard entre le bord et les parties à clouer. Cela se passe bien, la tôle qui est plate s'enroule parfaitement sur la charpente, pas de formage à faire au marteau. Il faute penser à découper le trou pour le passage de remplissage du réservoir.

 Entre temps je refais la partie en aluminium du plancher avant, celui ci ayant été très corrodé par l'usage et les intempéries, comme le tableau de bord j'utilise des chutes de dural aviation. Une fois la carrosserie terminée je dégraisse la tôle, je passe à la toile émeri sur les rares parties rouillées, les deux raccords de tôles sont brasés avec précaution pour éviter au maximum la déformation. Le tout est peint avec le même apprêt en chargeant bien de façon à boucher les pores du métal.

 Reste le problème du moteur, les cylindres sont piqués, la couronne du démarreur est mangée. Beaucoup à faire, il faudrait une couronne neuve et chemiser les cylindres avec pistons segments et voir l'embiellage. Je trouve via Internet, un collectionneur, mécanicien retraité qui vend un ensemble moteur-boite le tout reconditionné ( ? ) pour 1500 €. C'est près de Lorient, je vais voir celui-ci et revient avec l'ensemble dans ma remorque, le matériel m'a paru bien et le mécanicien sérieux. En arrivant à mon atelier, je sors le tout et le poses sur le châssis, il n'y a pas de tambour sur le frein de transmission, j'essaye de monter celui d'origine, le cône est trop court je monte la boite entière, elle est en bon état, sauf les garnitures de frein que j'échange, il ne ma reste plus qu'à monter le tambour et le flector que j'ai refait avec deux feuilles de caoutchouc armé. Je prends quelques semaines de repos en Dordogne ou je projette de rencontrer un retraité ancien tôlier formeur qui fabrique à temps perdu des ailes de trèfle. Je " le rencontre, lui même possesseur de trois "anciennes " très belles. Ses ailes sont bien faites, travail irréprochable, je passe commande d'un jeu complet, je les aurais en septembre, je n'en ai vraiment pas besoin avant. Je compte en effet essayer le moteur, après avoir posé la culasse et fixé définitivement le moteur bien aligné avec l'arbre de transmission et la manivelle. Le collecteur d'échappement n'étant pas vendu avec je monterai celui de l'ancien moteur, il me faudra un joint que je commande chez " Dépanoto " ainsi qu'une plaque constructeur neuve, fabriquée en Asie. Je monte la culasse, avec quelques difficultés, des goujons ont été cassés, les trous sont repercés mais de travers, je décide, c'est une erreur, de les remplacer par des boulons en acier 8.8, on verra plus tard pourquoi. Un seul ne se visse pas, je repasse un coup de taraud, culasse en place avant de fermer le moteur je règle l'avance en mesurant la hauteur du piston avant le pmh. Je tartine le joint de culasse, usagé, avec de la pâte à joint, bien serré selon la règle "de l'escargot " je vais faire un essai à sec, sans eau. Essence dans un entonnoir, un fil volant pour mettre la magnéto à la masse pour l'arrêt, premier coup de manivelle, le moteur tousse, fait quelques tours et s'arrête, le carburant " dégueule " du carburateur. Le niveau dans la cuve ne semble pas correct, je refais le réglage selon les conseils de la revue technique, le moteur tourne bien au ralenti, accélère bien. Je n'insiste pas je vais réparer le radiateur, ce sera mon prochain travail.

 Bien des rivets et soudures sont cassés, ce sont des soudures à l'étain, je remet des rivets en cuivre et ressoude le tout . Pour mettre le radiateur à bonne hauteur, je fais des cales au tour à bois percées à 10 mm et fixe l'ensemble sur le châssis avec 2 boulons il faut refaire la fixation haute, je n'ai que la partie en bronze qui se fixe sur la cloison pare-feu elle est taraudée au diamètre 7 comme toutes les vis de la voiture, je taraude à 8 et fait une tige en acier étiré et une chape pour fixer le radiateur en haut. Je trouve facilement de la Durite au mètre chez un marchand d'accessoires automobile, mais il y a quelques fuites au remplissage : le goujon de fixation de la pipe basse sur le bloc. Je refais un joint en clingerite, une petite fente sur la partie supérieure, je soude une " Rustine " en laiton. Pas de fuite, je parfais le remplissage. Je tente de faire partir le moteur, toujours avec l'alimentation provisoire, le moteur par bien, le ralenti est stable, il accélère bien. Je laisse refroidir pour poser le silencieux, quelques gouttes d'eau sortent du tube d'échappement. Comme je possède un autre bloc moteur je cherche sur celui-ci d'où pourrait venir cette fuite : deux goujons de la culasse et tous ceux du collecteur débouchent dans le circuit d'eau, comme j'ai mis des corps de boulons à la place des goujons, il ne sont pas bloqués à fond de filet , d'ou les fuites ! Je vidange de nouveau et remplace tous les boulons par des goujons neufs, j'ai en avec le premier moteur, je les bloque en montant deux écrous serrés " à la rencontre", j'ajoute une rondelle en laiton et je serre le tout, tout ça sans redémonter la culasse, j'ai gagné il n'y a plus de fuites, le moteur part très bien au quart de tour.

 Maintenant il va falloir monter des pneus pour pouvoir déplacer l'engin, je dois préparer les jantes, je les fais sabler par un professionnel, puis je les peins avec un primaire " garnissant ", comme elles sont piquées par la rouille je les enduits au mastic polyester, ponçage, enduit, ponçage…etc. jusqu'à obtenir une surface correcte. Je devrais trouver des pneus "Michelins " mais à quel prix ? Je viens de toucher les ailes, je me dépêche de les mettre en place elles seront bien ajustées après quelques aménagements. Je les passe à l'apprêt pour éviter le rouille, en attendant de les monter je fabrique les bas de caisse je vais faire une plieuse avec des bastings et deux quarts de rond pour l'arrondi, j'ai un modèle, ceux montés sur l'épave, très rouillés mais suffisant pour prendre les cotes, les pièces sont finies, je les passe à l'apprêt. Les trous seront percés à la demande lors du premier montage "à blanc "

 Je peins les jantes avec une peinture noire acrylique avec durcisseur, de marque Max.Meyer, qualité camion suivant les conseils d'un ami peintre, comme je ne suis pas un bon "pistoleur " je fais un jour côté pile et le lendemain côté face, j'évite ainsi les coulures. Entre temps je retourne voir le fabricant d'aile pour avoir des précisions sur le montage des bas volets des ailes arrières, il me donne l'adresse d'un fabriquant occasionnel de marchepieds en aluminium, que je contacte, il n'a en stock que des modèles courts 88 cm mais envisage la fabrication des modèles longs 98 cm, pour la fin de l'année, ce qui m'intéresse. Je prends chez "mon" carrossier le gabarit de la tôle sous moteur et du cadre de pare-brise. J'appelle le fabricant de marchepieds pour avoir les dimensions des cadres intérieurs en acier, il me dit que ma commande est prête et me l'envoie par la poste. A peine reçus, je fabrique les cadres en fer plat, c'est assez facile, j'ai les cotes exactes mesurées sur ce que je viens de recevoir, je perce les lumières de fixation je place les fers plats dans des marchepieds et je pointe à la soudure électrique, pour ne pas faire fondre l'aluminium. Une fois peints la ferraille et l'aluminium je place les cadres et rabat au maillet avec précaution pour ne pas marquer les parties visibles.

 Je pensais monter des pneus 11x45, par précaution je porte une jante au marchand de pneumatiques, il me dit que mes jantes nécessitent des pneus "à talon " alors que ceux que je pensais monter sont des pneus plus modernes dit " à tringle ". Il m'en trouve un jeu de 4, les dernier paraît-il fabriqués par Michelin. Je monte donc les 4 roues équipées sur la voiture, je peux la déplacer à la main. Je monte les bas de caisse, ailes et marchepieds ensemble, mais je ne serrerais le tout qu'après la pose. Je fais un gabarit pour monter les bas-volets derrière les ailes arrières, l'aspect ne me plaît pas trop, je fais une photo que j'envoie au constructeur, la réponse revient rapidement : Les ailes sont trop longues, son gabarit est faux, il me faut couper 5 cm côté marchepied. J'exécute non sans appréhension, cela va bien, mais travail supplémentaire pour tout recaler. Je peux aussi souder les bas-volets sur les ailes selon la photo qu'il m'a renvoyée, il est nécessaire de les couper et de les former à la main, je les positionne avec des serres joint, je les fixe avec des vis de 4 mm puis je brase de l'intérieur au chalumeau sans trop chauffer. Reste le capot, il à été réparé mais le dessus n'est pas trop présentable, je tente de le refaire, la forme est compliquée, parties de tronc de cône différents de l'avant à l'arrière. Je fais un modèle avec du carton, il n'y a pas de formage à faire. Je fais un " moule " avec deux morceaux d'aggloméré respectivement au modèle des courbes avant et arrière. Je coupe la tôle suivant le patron en carton, avant de la rouler à la main je plie la partie supérieure qui va se fixer sur la charnière et je fais un "tombé " pour y placer la charnière du milieu. La mise en forme n'est pas aisée, il faut amplifier la forme, la tôle ayant une certaine élasticité, la forme atteinte, je peux river la charnière du milieu, puis la rabattre et river les deux parties. Il faut alors ajuster le tout sur la voiture, recoupe, soudures pour le bas. Après ce travail laborieux, je suis satisfait du résultat. Mastic, apprêt, et c'est prêt pour la suite.

 Je fréquente les bourses pour trouver des accessoires, je chine une montre de tableau de bord, qui ne marche pas, et qui ne fonctionne toujours pas malgré une révision chez un horloger, je trouve aussi un commutateur de clignotant et une minuterie en 6 volts. Comme j'ai tout ce qu'il faut pour que je termine le tableau de bord, perçage, ponçage et bouchonnage avec un morceau de " scott britch " collé sur un mandrin en bois lui même au bout de ma perceuse. L'effet est satisfaisant. Je m'intéresse maintenant à la plaque d'immatriculation arrière, je vais en fabriquer une en arc de cercle pour suivre la courbe de la roue de secours, j'en trace une sur un carton avec un rayon déterminé sur place, puis je la découpe dans une chute de tôle, je vais quelques temps en Dordogne comme je vais revoir le carrossier qui m'a fabriqué les ailes je vais lui demander de me faire une bordure qui lui donnera de la rigidité. Pendant mon séjour je vais à une bourse réputée, à la Lande de Fronsac, j'y achète à un prix intéressant une jante pour un pneu à tringle 11x45 toujours en fabrication chez Michelin, pour avoir une roue de secours. J'y achète aussi deux feux arrières neufs de belle facture et aussi des attaches capot ODA, à revoir. Je suis revenu de mon séjour et retrouve le temps gris de l'Ile de France, je démonte la carrosserie pour avoir accès au châssis afin d'y installer la commande de gaz, le tuyau d'essence et coupler les freins arrière avec celui sur la transmission, pour plus de sécurité quand je roulerai avec et aussi pour protéger les arbres du pont arrière. Comme il fait très froid je fignole le tour de la portière, les champs ne sont pas garnis, je découpe à la demande des bandes de tôle qui je clous bord à bord sur les champs, et que je rabats sur l'intérieur ou je les cloue, je ponce les coutures à la disqueuse et j'enduis de mastic polyester. Pour la commande des gaz, j'ai fait une photo chez l'ami qui restaure la même voiture, je n'ai pas trop de mal, une tringle en acier tourne dans deux paliers avec une biellette à chaque bout, à gauche elle se raccorde sue la pédale d'accélérateur à droite sur le carburateur, à l'aide de rotules, il faut régler la longueur des biellettes pour que le boisseau du carburateur soit fermé au repos et grande ouvert plein gaz. Après tâtonnement c'est parfait. Pour le couplage des freins, je retrouve la trace d'une chape sur la pédale, il faut passer la commande du frein à main à gauche et mettre un câble sur celui-ci qui, via un palonnier va tirer directement sur les manetons des tambours que je dois changer afin qu'ils soient plus longs.

 Je m'occupe de l'échappement, mon silencieux est trop court pour se fixer sur les traverses qui soutiennent le marchepied droit, je change le corps du silencieux dans le même tuyau de poêle. Maintenant je peux remonter la caisse sans les ailes pour essayer un roulage. Plein d'eau, essence dans le réservoir restauré avec une résine " Restom ", sur le tuyau d'essence en cuivre, j'ai monté un petit robinet d'occasion, celui-ci modèle "à boisseau" est usé, il fuit, je mets à la place un robinet d'arrêt pour chasse d'eau en changeant le clapet en caoutchouc par une rondelle de cuir, non sensible au sans plomb.

 Contact, appel du carburant, il n'y a pas de starter, quelques tours de manivelle le moteur part, en place avec un caisse en place de siège, débrayage, ou est la première ? en bas à droite semble-t-il, j'embraye, ca avance sans craquer, quelques tours en accélérant, le moteur fume beaucoup, il faut peut-être que les segments se rodent ! Marche arrière ca recule. L'accélérateur étant entre le frein et l'embrayage, il ne faut pas faire d'erreur et ne pas avoir de chaussures trop larges. Il faut quand même que je revois le moteur, les culbuteurs ne sont pas bien réglés, je contrôle en même temps le niveau dans la cuve du carburateur. Je vérifie aussi la pompe à huile suivant la méthode donnée par la revue technique, l'huile sort bien après avoir enlevé un boulon en avant du moteur. Le carrossier qui m'a fabriqué les ailes m'a donné un patron pour faire les dossiers de sièges, certains sont faits en fer forgé, certains sont en tôle renforcés par une bordure et un bord roulé, il m'a enseigné cette technique. En deux jours me voilà avec deux dossiers prêts à recevoir le rembourrage et la couverture.

 

 J'ai aussi le gabarit pour faire un encadrement de pare brise, j'avais trouvé par une annonce de LVA des encadrements neufs, c'est très cher et faut aller le chercher dans le sud, le fabricant ne voulant pas l'expédier... Donc je ma procure du profilé en U, que je forme à froid suivant le gabarit, j'arrive correctement à former les 4 côtés, je forme du fer plat de 10 mm que je brase sur l'extérieur pour rigidifier et réunir les trois côtés la partie supérieure étant amovible pour pouvoir y glisser la vitre. Je prends des renseignements dans une miroiterie pour faire tailler une glace, j'ai trois devis, glace ordinaire, verre trempé, verre feuilleté. Je choisirais plus tard.

 Il fait froid, je m'occupe des ailes, celles-ci étant formées au maillet, il faut mastiquer, poncer, et encore et encore jusqu'à obtenir une surface plane, je fais l'épreuve " au noir " pour vérifier, la dernière couche d'apprêt étant de couleurs différentes, on voit bien, après ponçage avec un cale les endroits à combler au mastic. J'ai commandé chez Ni-Kit le nécessaire pour faire le nickelage des petites pièces en laiton ou en bronze que je désire traiter. Il suffit d'un bac en plastic, d'une batterie de 12 volts et d'une série d'ampoules pour ajuster le courant en fonction de la surface à traiter. Si les pièces sont bien polies et dégraissées le résultat est parfait. J'ai ainsi traité les attaches capots restaurées, les cercles de phare, l'entrée de manivelle, le bouton de porte, les bouchons d'essence et de radiateur, la charnière de capot. Pour la calandre je verrai un professionnel plus tard.

 Entre temps j'ai trouvé un ouvrage consacré à cette petite voiture, c'est un "beau livre " très complet et super documenté, écrit par Bernard Laurent. Je vais passer aux sièges, j'ai la forme des dossiers, j'ai aussi le gabarit au plancher et les hauteurs du siège, je fais une structure en bois, j'essaye des ressorts de sommier comme à l'identique, je ne m'en sors pas. J'ai un matelas " gaufrier " en mousse dure, je vais m 'en servir, je fais un plancher intermédiaire pour les sièges et je rembourre jusqu'à la hauteur avec cette mousse, je recouvre l'ensemble avec de la toile résistante. C'est plus compliqué pour les dossiers avec cette forme bizarre. J'essaye sur la voiture, c'est bien, les sièges sont bloqués sur le plancher avec des tourillons en métal qui se logent dans des trous percés dans le bois, par la suite j'y visserai un insert en bronze. Je ferais le garnissage plus tard quand la peinture sera finie.

 Je remonte les ailes et entreprends l'installation électrique. Je récupère du câble noir spécial non feu, j'aurais du acheter du fil isole coton pour faire "à l'identique ", c'est trop cher, par contre j'utilise des cosses à souder et je fais des frettes en fil fouet passées à la gomme laque pour lier les conducteurs entre eux. Ainsi j'installe phares, clignotants, feux arrières et feu stop et je câble le tableau de bord. Je me procure une batterie 6 volts à la taille du porte batterie. Tout marche, dommage il faudra en démonter une partie pour faire la peinture, pour cela il faut que j'attende un temps chaud, sec et sans vent, je n'ai pas de local pour peindre. Il faut aussi que je trouve des arceaux de capote, afin de percer les deux trous de fixation avant la peinture. Il y en a un jeu chez 4A prés de Bordeaux. Je profite d'un séjour en Dordogne pour l'acheter, ainsi que les axes. Le positionnement n'est pas très facile, il ne faut pas se tromper, le perçage des trous d'axe non plus, la caisse étant cintrée, les trous doivent être dans le même alignement, je tourne des rondelles en biseau que je colle sur la carrosserie. Je ne trouve pas de verrou pour la capote, je ne sais pas comment c'est fait, je contacte deux personnes qui possèdent le même type de voiture, l'un me répond par téléphone, l'autre m'envoie une photocopie avec les cotes, facile à réaliser, c'est dans mes cordes.

 J'ai posé les axes et mis en place les arceaux, je fais deux sangles comme il se doit, qui vont du dossier arrière au premier arceau verrouillé sur les montants de pare brise, je confectionne une capote avec un vieux drap cela me servira de modèle pour réaliser celle-ci. J'ai quelques photos qui me guident pour cela.

 Je trouve dan les annonces de Gazoline, quelqu'un qui vend des chutes de Skaï noir à un prix très avantageux. Il me donne rendez sur le parking d'un super marché dans la région parisienne. Je le paye en liquide. Je ne cherche pas à en comprendre plus, je rentre chez moi et commence à recouvrir mes sièges, j'aurais juste le métrage nécessaire, et même un peu plus, je ne dois pas faire d'erreur. Je commence par les panneaux latéraux, j'avais déjà découpé ceux-ci en contre plaqué mince 3 mm. Sur des photos, j'ai remarqué des rabats sur les deux côtés à la hauteur des sièges avant, ceux-ci sont faits pour cacher des petites cases dans l'épaisseur de la caisse. Je fais ces cases en contre-plaqué et les rabats en Skaï double face avec le sigle Citroën en piqûre au fil blanc ce que je réalise non sans mal.

 Je pensais coller la garniture avec de la colle Néoprène, mais en cas de bavures le Skaï fond, j'utilise de la colle blanche en laissant sous presse, je colle seulement les retours, comme me l'a conseillé un spécialiste. Pour les sièges, je commande de la "ouate de rembourrage " pour former les côtes. Je pique le Skaï sur de la toile de jute en intercalant une épaisseur de ouate, comme je n'ai pas de pied à ganser sur ma machine à coudre, je ne peux pas faire de passepoil, je couds sur l'envers et repique au ras sur l'endroit. Je cloue le tissu sur le socle. Pour les dossiers c'est un peu plus compliqué toujours à cause de leur forme aux places avant. Je monte le tout dans la voiture, y compris les rabats sur les poches des flancs avant. J'ai commandé des profilés en aluminium pour habiller les raccords entre parties avant et arrière, du demi rond clouté d'une part, l'usage se révèle délicat, je retire les clous et je colle avec de l'Araldite forte "métaux ", après avoir fait un essai, le collage est très résistant. D'autre part de la cornière à ailes inégales pour le tour de la portière qui sera vissée sur dans la feuillure sur la partie fixe, le formage d'un seul morceau n'est pas facile, la matière, heureusement est très malléable, je suis obligé aussi de réduire l'épaisseur côté charnière pour faciliter le passage en cours d'ouverture.

 Le temps idéal est revenu pour faire la peinture, j'avais le choix des couleurs d'origine noir pour les ailes, bas de caisse, plaques d'immatriculation, phares, et bordeaux, bleu, havane, ma femme choisit le rouge, en avant. Je me procure la même peinture que pour les jantes, avec les mesures précises pour le mélange peinture, durcisseur, diluant. Auparavant j'ai tout démonté et poncé avec du papier 1200. Je ferais cela en deux fois, une journée le noir et après le rouge. Le temps est calme, pas de vent, de la chaleur, le mélange est bon et le résultat satisfaisant.

 Je range le tout un fois bien sec à l'abri et avant le remontage, comme je ne suis pas satisfait du moteur qui fume beaucoup trop je le démonte. Le châssis étant déshabillé, l'ensemble moteur plus boite ne tient que par trois points, un palan m'aide bien et à deux nous mettons le tout sut un établi. J'ouvre le moteur, carter inférieur, et culasse, les soupapes sont très usagées et présente beaucoup de jeu dans l'alésage. Les joints sont faits avec du carton de calendrier et ceux des fixations de poussoirs sont absents. Je démonte aussi le bloc cylindre et porte celui-ci chez un rectifieur de qui on m'a dit le plus grand bien. Je suis très bien accueilli. Le père du patron connaît bien cette mécanique, il veut bien rectifier les sièges de soupapes, et aléser les guides, je lui propose de commander des soupapes avec un diamètre réparation pour les queues, il me demande aussi à voir les ensembles pistons bielles, il constate que les segments racleurs sont usés, ce qui explique les remontées d'huile. Il veut aussi voir le bas moteur pour ajuster les coussinets des bielles. En fait, il fait tout cela plus un surfaçage des plans de joint du bloc cylindre et de la culasse. Il me fournit aussi un jeu de segments complet, ajustés. Après un délai assez court, je récupère le tout et commence le remontage. Je m'applique pour que celui-ci soit définitif. Les écrous des vis de chapeaux de bielles sont à la fois bloqués au frein de filet et arrêtés comme à l'origine avec des arrêtoirs que je fabrique au bon diamètre. Je fais les joints avec du carton à joint et de la pâte au silicone. En même temps que les soupapes je commande aussi une garniture d'embrayage que je change pendant que l'ensemble est démonté. Les garnitures sont collées et rivées double précaution, comme je ne trouve plus de rivets tubulaires, je mets des rivets en aluminium les têtes sont fraisées en laissant assez d'épaisseur pour l'usure à venir.

 

 Je cale l'avance avant de remonter la culasse, allumage 3mm avant le PMH, cela s'avérera trop par la suite. Je remonte le tout sur le châssis, et raccorde l'essence et le radiateur. Le démarrage est immédiat et pas de fumée, je jubile.

 Je vais pouvoir remonter la caisse et le reste de la carrosserie, puis faire un essai de roulage, notamment pour vérifier le réglage de l'embrayage, les garnitures étant neuves. Le moteur claque par instant, ce qui me gène, je tente de régler l'avance "à l'oreille ", je tourne la magnéto à la main en retirant de l'avance le ralenti est meilleur, le laisse tourner, un moment plus de claquement et le moteur chauffe moins. Je monte un siège provisoire, je roule un peu dans l'allée de mon garage, le moteur tire bien. Bon, il y avait trop d'avance. Je peux commencer le remontage total, intérieur et extérieur. Avant de recâbler l'installation électrique, je câble le tableau de bord en collant de chaque côté " une barrette de dominos, un genre de " bus-barre " comme on dit dans l'aviation.

 Il ne reste plus pour finir la carrosserie qu'a trouver puis poser la bordure de caisse, pas facile les magasins en sont dépourvus, j'en trouve enfin chez " ENPI " par longueurs de 2 mètres, il m'en faut 2 qui arrivent par la poste. Je perce des trous avant le formage, fraisés, à 90°. Je compte y mettre des vis à bois " gouttes de suif ", maintenant on dit fraisée - bombée. Le métal est malléable, mais pas facile à former quand j'arrive vers l'arrière, je m'aide d'un maillet, je visse au fur et à mesure, et je forme de même, je polis l'aluminium avec de l'abrasif fin et de la laine de fer.

 

 Il me faut un pare brise pour le contrôle technique et les photos que demande la fédération, comme je ne connais pas la résistance mécanique de l'encadrement que j'ai réalisé, j'opte pour un pare brises en plastique genre Plexiglas. Je trouve ce matériau dans une grande surface de bricolage, à des dimensions qui me permettront de ne pas avoir trop de chutes après découpe. Découpe que je fais à la scie sauteuse, je colle l'ensemble avec du mastic silicone noir. Comme je ne suis pas sûr du serrage des axes, je fais deux petites ferrures qui maintiendront le pare brise en route. Il me reste la calandre à faire nickeler, je l'ai décapée, poncée, polie du mieux que j'ai pu, je vais sla confier à un spécialiste recommandé par un ami, il me fait un travail remarquable pour un prix très raisonnable, le "tacot " à maintenant très belle allure.

 Maintenant il faut essayer de la faire immatriculer, d'abord une attestation délivrée par la FFVE, après trois courriers je reçois le précieux document, la préfecture de l'Oise veut un contrôle technique roulant, alors que d'après les textes officiels, on accepte un 'non roulant ", je m'exécute, il me faut emmener l'engin sur plateau à Beauvais ou un contrôleur comprend le problème que pose ce genre de véhicule, il n'y a pas de freins à l'avant donc l'ordinateur s'affole...

 Maintenant pièces en main je vais vers la préfecture. Le fonctionnaire présent ne veut pas accepter l'immatriculation, "l'attestation de la FFVE n'est pas une trace de la provenance du véhicule ! " j'y retourne avec les photocopies des textes officiels, refus catégorique!

 Comme je dois aller en Dordogne ou j'ai un domicile de vacances, je vais à la préfecture de Périgueux, j'obtiens la carte grise, pardon, certificat d'immatriculation voiture de collection, avec un numéro à l'ancienne. Ayant le numéro, je pourrais le peindre sur les plaques en lettres blanches sur fond noir !

 J'assure la voiture, je n'ai plus que cela à faire pour rouler sur route et voir le comportement routier ....

  .... Premier essai de roulage en ville, 500 mètres et l'écrou de sortie de boite se dévisse, je fais remorquer l'engin jusqu'a mon garage. Constat cet écrou n'était pas freiné. Pour éviter de sortir l'ensemble boite moteur je préfère reculer le pont arrière et libérer le flector. En fait le frein d'écrou était en place mais pas rabattu sur l'écrou. Autre constat l'huile fuit par le roulement de sortie de boite. D'après le livre de Bernard Laurent, le niveau d'huile serait trop haut, l'huile doit arriver au niveau de l'arbre inférieur, il est bon aussi de mettre un roulement étanche en sortie de boite, ce que je fais. Après le remontage, j'envisage une sortie sur route, le temps n'y est pas, c'est encore l'hiver.

Je décide de monter un amortisseur de direction pour éviter le " shimmys " sur les conseils du vendeur de mon épave, je monte un amortisseur de Mercedés entre la barre d'accouplement et un boulon de fixation du ressort avant. J'installe aussi un ventilateur :

           

Retour